Parlons bouquin : Du coté de chez Swann

Résultat de recherche d'images pour "du côté de chez swann"Titre : Du côté de chez Swann

Série : A la recherche du temps perdu

Auteur : Marcel Proust

Genre : Classique

Nombre de pages : 550

Ça y est je l’ai fait. Je peux dire « J’ai lu Proust » et, j’avoue, j’en retire une puérile satisfaction.

Ces dernières semaines j’ai eu beaucoup de temps pour lire, je me suis donc dit que le moment était venu de se plonger dans  Du côté de chez Swann  le premier tome d’ A la recherche du temps perdu . J’avais adoré les quelques passages que j’avais pu lire jusque là mais j’avoue que je m’approchais avec prudence de ce monstre qu’on disait si soporifique. Et là : coup de foudre littéraire !

J’ai été absolument fascinée par l’écriture. Peu importe que les phrases soient souvent très longues, les mots me happaient. Il y a ces gens qui mettent des mots sur des idées, des pensés, des avis que l’on a déjà eu, sans pouvoir les exprimer. Il y a ces livres qui nous parlent et semblent écrits pour nous. Proust fait référence à tellement de choses qui me touchent ou m’ont touchées personnellement que ça en était étonnant, mais peut-être que son talent repose sur cette capacité à parler au lecteur. C’est la première fois que j’ai à ce point l’impression de dialoguer avec l’auteur, la première fois que j’ai le courage de lire une préface et un dossier jusqu’au bout mais aussi la première fois que je note certains passages (à l’aide de petits post-it qui ont fleuris entre les pages) et que je ressens le besoin de noter mes impressions, pages après pages.

Je ne savais rien de l’histoire avant de m’y lancer, j’ai donc été très étonnée de la différence de ton entre les trois parties du livre. Dans la première, « Combray », et la troisième le narrateur anonyme se remémore son enfance, ce sont des passages très contemplatifs. La deuxième, « Un amour de Swann », porte sur l’histoire d’amour tourmentée entre Charles Swann (un voisin du narrateur) et Odette, une demi-mondaine. Cette partie est beaucoup plus narrative, c’est pour cela qu’elle est souvent largement préférée au reste du roman et jugée plus « digeste ». J’ai adoré les deux styles de narration. Dans le premier l’attention portée au détail, cette volonté de trouver l’essence et la beauté de chaque moment est magnifique. Dans le deuxième on peut admirer le soin des personnages : Proust ne les décrit pas (ou peu) physiquement mais il s’attarde énormément sur leurs mécanismes psychiques, les mensonges qu’ils créent pour les autres et pour eux-mêmes. C’est un vrai plaisir parce qu’on les voit évoluer et changer du tout au tout au fil des pages.

Enfin, je ne suis qu’admiration pour ce que Proust a voulu faire avec « A la recherche du temps perdu ». Son œuvre est une toile immense dont chaque passage est une touche de peinture mais il faudra avoir lu tous les tomes pour se reculer et découvrir le motif global, ce à quoi l’auteur voulait nous amener. On reproche souvent à Proust d’accumuler les détails sans fil conducteur mais c’est faux ! Ce ne sont pas des mémoires, ni des exercices de style, il y a quelque chose derrière tout cela, le narrateur est « à la recherche » de quelque chose qu’il a perdu : c’est l’histoire d’une quête. En effet la série est un tout et Proust dit lui-même que la conclusion de ce premier tome est l’exact opposé de ce qu’il veut dire à la fin de Le temps retrouvé , le dernier tome. Cette conclusion est révélée au lecteur moderne (les lecteurs contemporains ont du attendre une quinzaine d’années) dès la préface mais c’est dans une vidéo de The School of Life que je l’ai découverte. Je vous la met en bas de l’article et je vous encourage très vivement à aller la regarder parce qu’elle donne vraiment envie de découvrir l’auteur. N’ayez pas peur d’être « spoilé », le terme de spoiler  n’est plus du tout adapté car loin de « gâcher » notre envie de lire les livres cette révélation ne fait que l’attiser.

J’espère que vous me pardonnerez la longueur de cette chronique mais il y a tellement de choses à dire ! Je vous dis à bientôt et vous souhaite de bonnes lectures.

5 réflexions sur “Parlons bouquin : Du coté de chez Swann

  1. Tout le monde est effrayé par les phrases à rallonge de Proust et pourtant, on est bien d’accord : on se fait tellement happer par son écriture qu’on ne les voit même plus ! J’adore ce roman, véritable ode à la jalousie, auquel ta critique rend joliment justice 🙂

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  2. Jusqu’à présent, je n’avais jamais été attirée par cet auteur, j’espère le découvrir un jour pour ne pas passer à côté de son oeuvre! 🙂

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